- ANIMAL (RÈGNE)
- ANIMAL (RÈGNE)LES plus anciennes légendes consacrent une interprétation dualiste du monde animal: à la faune aquatique de l’empire des Eaux où règne Poséidon s’oppose la faune terrestre soumise au dieu des Airs, Zeus.Dans l’un des mythes les plus archaïques, celui du Déluge, c’est la faune terrestre qui risque de disparaître. Mais un héros va la sauver, déjouant ainsi la malveillance des dieux, à moins qu’il n’ait trouvé grâce auprès de la divinité. Il prend donc sous sa responsabilité, au moins dans les versions relativement récentes du mythe, les espèces animales terrestres. Yaveh recommande même à Noé d’entreposer de la nourriture à l’intention des bêtes dans l’arche où elles sont abritées pendant le cataclysme. Ainsi l’humanité est-elle en charge de la création, dont elle devient comptable devant l’Être suprême.Cette responsabilité, l’homme s’efforce aujourd’hui de mieux l’assumer, comme en témoignent les inventaires faunistiques et les interventions protectrices concertées qui sont menées au niveau national ou international, parce que les sciences de la vie nous ont appris la fragilité des équilibres biologiques, la disparition de groupes zoologiques entiers, la lenteur du renouvellement pourtant assuré par l’évolution. Rappelons-nous que le peuplement animal des terres émergées est une bien longue histoire: la «sortie des eaux» est esquissée à partir du Carbonifère quand certains groupes de Poissons accèdent à la respiration aérienne, ce qui est une des étapes clés de la phylogenèse.Le cas des Invertébrés est sans doute similaire mais moins bien connu, car ils ont laissé des documents paléontologiques souvent insuffisants pour permettre des conclusions très sûres.Mais, en définitive, l’hiatus existe bel et bien: des contraintes différentes sont exercées par le milieu aquatique et par le milieu terrestre. Elles vont arbitrer les tentatives d’expansion des espèces, et la physiologie comparée montre que plusieurs adaptations solidement coordonnées sont nécessaires à la vie dans l’air. Deux mondes se côtoient.Quant à l’homme, dont l’apparition sur terre est encore toute fraîche, il n’a cessé de maintenir avec le monde animal des relations d’interdépendance étroite qu’il étend de plus en plus au domaine marin. On ne voit, trop souvent, que l’aspect utilitaire de ces relations de l’homme et de l’animal, mais la domestication est en réalité un mystérieux phénomène qui témoigne à la fois des aptitudes socialisatrices du genre humain et de son appétit d’assimilation ou peut-être de transgression. Le droit du plus fort est dans la nature; mais, si l’homme reste «un loup pour l’homme», à qui la faute?
Encyclopédie Universelle. 2012.